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L'info venue du silence
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11 septembre 2011

Andréa Chénier à l'Opéra de Genève

 

 

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André Chénier est mort guillotiné à 32 ans.Poète révolutionnaire, idéaliste qui vécut la Terreur et l'amour auprès d'une aristocrate se prénommant Magdalena de Coigny, sa vie brève et intense éveille notre curiosité parce qu'elle s'inscrit sous le signe de la liberté.

 Journaliste, écrivain engagé, touché par l'héllénisme mais faisant partie de la caste des romantiques, son oeuvre aborde des piliers de la civilisation aussi fondamentaux que atypiques tels que Bacchus, L'Amérique, l'Amour, Hercule ainsi que les femmes.

 Fils de Louis de Chénier, enfant de cultures diverses, grecques tout autant que françaises, il voyagea en Suisse, en Italie puis à Londres. Avec Chatterton et Gilbert, il sera considéré comme étant un auteur maudit et cela inspirera l'opéra d'Umberto Giordano, présenté cette année à l'Opéra de Genève.

 Si l'histoire de ce héros est époustouflante, nous ne pouvons pas en dire autant de la mise en scène proposée cette saison à l'Opéra de Genève.L'histoire simple de ce jeune homme n'est malheureusement pas présenté dans ce qu'elle est, belle, romancée et pure.Au contraire, le propos scénographique se révèle grandiloquent et cherche non la linéarité d'un destin bref mais la complexité spatiale, visuelle tout autant que verbale par le choix d'une langue qui ne se prête pas aux tambours de la Révolution: l'italien.

 Les contrastes semblent importants et trop visibles dans les couleurs des costumes des protoganistes différents. Le rose vif  des robes bouffonnantes de ces dames est juxtaposé au gris de la Terreur, de la rue sale et en colère et nous avons mal aux yeux de tant de virtuosité chromatique.

 Quant à la scène, elle semble immobile, concentrée autour de la guillotine, de son attente, de la menace qu'elle constitue tout au long de l'histoire et qui ne nous donne pas envie de pénétrer ce lieu de sang et de crime: la scène n'accueille pas esthétiquement le visiteur, elle nous invite à ne pas regarder, nous les voyeurs.

Andréa Chénier est destiné au pire et nous ne l'accompagnons pas dans son malheur. Le spectacteur regarde, au mieux il voit des couleurs, des rouges vifs qui lui font mal aux yeux et qui sont indice d'un destin tragique.

Nous ne voulons pas que la pièce finisse, car tout est déjà joué d'entrée: la Terreur pèse dans le coeur des amoureux et s'unit au tragique de leur destin. La poésie, destinée à faillir et disparaître, l'amour à mourir, la révolution, à tout avaler; rien ne demeure de tels cris et chants: tout est balayé, la tête coupée.

Nous restons comme sur notre faim: qu'en a t-il été de l'artiste, de la personne, de ses vers? Nous en redemandons car ils sont purs, parlent des cieux et s'envolent: ils sont beaux et regrettons le peu de lyrisme d'une telle pièce et la laideur d'un univers qui coule de toute part comme un tableau tombée dans l'eau: la révolution n'est-elle pas autre chose que la guerre et le sang?

La mort d'Andréa Chénier signera la naissance du romantisme en France et ses vers  ne seront pas publiés avant le XIX ème siècle.

 

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